Critiques de "Amorosa Fenice" : musiques de Giulio San Pietro de’ Negri par l'ensemble Faenza, chez agOgique (AGO 018, 1 CD, 2014)
Ce CD propose un itinéraire musical fascinant et inédit et, plus extraordinaire encore, il fait revivre un compositeur aussi intéressant que peu fréquenté par l’univers discographique, grâce à Marco Horvat qui, à la tête de l’ensemble Faenza, retrouve les traces de cette personnalité peu connue du début du XVIIe siècle. La lecture de Marco Horvat et de son ensemble Faenza est excellente : une direction sensible qui ne manque pas de souligner avec « sensualité » le langage d’un compositeur qui ne cesse de nous étonner par ses « trouvailles » musicales. La distribution vocale est parfaite, grâce à des solistes à leur aise dans la virtuosité baroque. Un enregistrement de grand prix, servi par des interprètes d’une grande bravoure qui font briller de mille feux ces musiques extraordinaires.
Franco Bruni, Progress on line, mai 2015
Une vingtaine de pièces passionantes dévoilent un répertoire inexploré du début du XVIIe siècle, tourné vers les innovations monteverdiennes : il s’agit de l’œuvre de Giulio San Pietro de’ Negri, compositeur et chanteur italien peu connu, révélatrices des clair-obscurs de la monodie accompagnée italienne. Le travail de redécouverte de Marco Horvat, explorateur minutieux des beautés musicales du baroque italien avec son ensemble Faenza, souligne la préciosité du compositeur d’origine génoise mais né à Salento et actif surtout dans le nord de la péninsule. Convainquante et précise est l’interprétation vocale et instrumentale de Faenza, un ensemble particulièrement attentif à la recherche sur les timbres ainsi qu’à des pratiques d’exécution soutenues par une constante recherche musicologique.
Giulia Anna Romana Veneziano, Il Giornale della Musica, février 2015
La poignante Amorosa Fenice et la poétique Amorosa vedovetta encadrent ce programme, toutes deux magnifiquement chantées par Olga Pitarch et Brigitte Vinson, tandis que l’ombre de Monteverdi plane également sur Ride o Piange, qui évoque les duos de "L’Incoronazione di Poppea". D’India vient aussi hanter le sublime monologue en stile rappresentativo, Langue e spira, interprété avec profondeur et ferveur par le ténor Jeffrey Thompson. Et n’oublions pas de saluer l’excellent ensemble instrumental réuni autour de Marco Horvat, ce musicien polyvalant passant du luth au lirone et au chant ! Outre deux magnifiques flûtistes à bec (Magali Imbert et Pierre Hamon), une viole suave(Christine Plubeau) et un luthiste inspiré (Charles-Edouard Fantin), Horvat introduit les sonorités savoureuses de deux claviers inhabituels : un clavicythérium et un lautenwerk, dont les scintillements inédits, sous les mains délicates de Matthieu Boutineau, illuminent cette révélation d’un musicien oublié.
Denis Morrier, Diapason, mars 2015
L’interpréation vocale par un groupe de cinq solistes est absolument superbe, puissamment expressive et délicatement ornementé de façon exquise. L’accompagnement instrumental est subtil et varié, utilisant les timbres d’un nombre limité d’instruments pour créer une étonnante variété de textures. Les intermèdes instrumentaux donnent à entendre une séduisante flûte à bec tandis que les sons si particuliers du lirone sont souvent présents. Dans un tel répertoire on se sent facilement à nu mais les interprètes, plutôt que de l’approcher avec appréhension, semblent plutôt se délécter de son exubérance. Voilà un CD qui jette un regard nouveau sur des trésors complètement inattendus et dont le titre évoque le Phœnix à très juste titre.
D. James Ross, Early Music Review, décembre 2014
C’est à une découverte quasi-totale qu’invite le disque "Amorosa Fenice". L’ensemble Faenza se compose de quatre instrumentistes auxquels se joint Marco Horvat, véritable homme-orchestre, puisque non content de jouer du théorbe, de la guitare et du lirone, il chante aussi, tout en dirigeant tous ses musiciens. On est très vite frappé par la richesse d’invention de ce compositeur largement inconnu, qui fait de lui l’égal des plus grands parmi ses contemporains. Il y a dans toute cette musique quelque chose de vif, de bondissant, de quasi printanier. Et même quand ce n’est pas la joie que respirent ces airs, le frémissement n’en est pas moins présent. La diversité des associations voix / instruments assure une variété constante d’une plage à l’autre de ce disque, dont chaque nouvelle écoute est source de ravissement.
Laurent Bury, Forum Opera.com, octobre 2014
L’ensemble Faenza s’impose d’emblée par sa diction précise, sa volubilité, la souplesse vocale, l’équilibre entre voix et accompagnement, son sens du dialogue entre chant et instruments ; également par la virtuosité des instruments et, d’une manière générale, par son souci de la traduction musicale figuraliste précise des images et des sentiments du texte.
Edith Weber, L’Education musicale, octobre 2014
Voici enfin un CD consacré entièrement à Giulio San Pietro de’ Negri par Marco Horvat et son ensemble Faenza. La surprise est totale d’entendre des pages d’une délicatesse harmonique qui n’ont guère d’égales à la même époque en dehors sans doute de Monteverdi. Les affects des poèmes sont traduits par une invention étonnante avec ces rythmes chaotiques, ces dissonances éperdues, ces contrastes théâtraux, ces abandons langoureux. Il est vrai que Marco Horvat, incroyable poly-musicien (il chante, joue de divers instruments et dirige), suscite un élan lyrique et une beauté sonore fascinante chez ses complices. Cette musique venue d’un temps lointain émeut et aussi galvanise par sa richesse, sa rudesse et ses pétillements.
La Revue des deux mondes, décembre 2014