In extremis !

Cela doit bien faire un ou deux ans qu’Alexandre Verbrugghe, l’administrateur de Faenza, me réclame une newsletter. Pour être plus exact, il a cessé de la réclamer depuis maintenant plusieurs mois et… est parti en vacances en Ecosse, où les autochtones – contrairement à ce qu’en dit la légende – lui semblent moins avares que son directeur artistique, qui ne dispense plus ses bafouilles qu’au compte-gouttes.

L’angoisse de la newsletter blanche m’aurait-elle laissé sans paroles pendant tout ce temps, à moins qu’il ne s’agisse d’une forme inconnue de Covid long, ou bien encore un petit burnout ?

Il est vrai que mes newsletters, devenues au fil des années de moins en moins factuelles et de plus en plus spéculatives, ont fini par faire monter la barre trop haut pour mes frêles épaules. Victime de mon succès – principalement auprès d’Alexandre – je me suis trouvé aussi sec devant ses exigences qu’un amuseur public – reconnu par exemple à l’occasion d’un passage à la douane – à qui on demande à brûle-pourpoint de « dire quelque chose de drôle », ou encore au théorbiste pris à partie dans le métro parisien, à qui l’on demande s’il va bien « nous jouer un petit air » ?

Avec tout ça, la présente newsletter a fini par démarrer, tant bien que mal, et in extremis, puisque nous sommes en décembre 2023 et que la dernière fournée date de … début 2022. Il ne sera pas dit que le directeur artistique n’aura pas, cette année encore, accompli son devoir en matière de communication !

À sa décharge, il faut dire que l’année 2023 a été particulièrement riche, voire proprement démente. Qu’on en juge par la très factuelle liste qui suit.

23 représentations de notre création de théâtre musical « Eh bien, chantez maintenant ! », dont 17 au Festival d’Avignon, où notre spectacle a fait partie de la sélection de la Région Grand Est.

La création pour la Tufts University de Boston d’un nouveau programme autour des « Octonaires de la vanité du monde », mis en musique par Paschal de l’Estocart et Claude le Jeune, suivie d’une tournée de concerts aux USA (une première pour Faenza !).
La sortie de notre nouveau disque, enregistré dans le cadre du projet de recherche européen PerformArt (dirigé par Anne-Madeleine Goulet), le Concerto Madrigalesco de Ercole Bernabei, et les concerts autour de ce programme, qui nous ont permis de faire découvrir au public parisien ces musiques inouïes.

La création d’un programme de musique espagnole du XIXe siècle, « ¡ Bien parado ! » dans le cadre de la dernière édition du Grand Est’ival, événement annuel créé en 2020 – en réaction à la crise du Covid – par le Collectif musical du Grand Est.
La création à Hazebrouck – ville de notre Président – d’« Ovidomania », dernier opus du duo que nous formons avec Francisco Mañalich. Un « Délire des lyres 2 », en quelque sorte…
La diffusion de programmes créés les années précédentes – comme « Le Salon de musique », qui va sur ses cent représentations –, laquelle nous ancre dans la notion de durabilité de notre répertoire et dans la fidélité aux compagnons de route (femmes et hommes) qui mettent leur talent au service de nos idées les plus saugrenues pour en faire des spectacles à part entière.
Enfin, tout un travail d’action culturelle, pas toujours visible du public des concerts, mais riche de rencontres, d’échanges, de bouillonnement d’idées…

Au mois de juin, alors que nous ignorions encore que la grande aventure commencée cinq années auparavant avec le CIM de Bar-le-Duc était sur le point de s’achever (merci, monsieur le nouveau Directeur !), nous donnions dans cette chère ville un grand Carnaval de Lully, avec tous nos élèves, une grande équipe de Faenza et … deux orchestres d’harmonie.

(À Bar-le-Duc, ce n’est que partie remise, car nos élèves nous suivent pour une autre aventure, dont nous vous dirons des nouvelles : promis !)

Et pendant tout ce temps passé en productions et en créations, se mitonnent les projets qui vont nous occuper au cours des années à venir, comme ce passionnant travail autour de la naissance de l’opéra-comique, engagé à l’Abbaye de Royaumont avec des chercheurs, des chanteurs, des instrumentistes et notre metteur en scène.

Je vous en dirai plus le moment venu…